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INFOCOM

30 avril 2012

SILENCE NOIR

SILENCE NOIR

NOIR SILENCE,
par François-Xavier Verschae

Le livre : "Noir silence"
Des plaignants déboutés


" Il existe un pays où, depuis son palais, le chef de l'Etat recrute librement des mercenaires et pilote des guerres civiles sur un autre continent.
Ce livre donne des noms, des dates, des témoignages.
Il existe un pays qui attise les conflits ethniques et déverse des armes sur des régions à feu et à sang, pour rester maître du seul vrai pouvoir : l'argent.
Ce livre raconte ces crimes sans tribunal.
Il existe un pays qui, pour défendre ses intérêts, autorise ses services spéciaux à s'allier, en terre étrangère, avec des réseaux mafieux et les milices d'extrême droite. Ce livre recoupe les enquêtes en France et à l'étranger pour démontrer l'engrenage.
Il existe un pays où un candidat à l'élection présidentielle, deux fois ministre de l'intérieur, peut s'appuyer, en toute impunité, sur les circuits des casinos et des ventes d'armes. Ce livre donne des clés pour comprendre son ascension et son pouvoir.
Il existe un pays qui, loin de ses frontières, truque des élections et couvre l'assassinat de ses propres coopérants. Ce livre permet de comprendre la logique de ce monde absurde.
Ce pays, c'est la France.
Le continent humilié, c'est l'Afrique.
Leur liaison incestueuse, c'est la FrançAfrique.
Comment en finir avec un aussi noir silence ? "

Le ton est donné, la question posée claire, limpide. François-Xavier Verschave auteur de "La FrançAfrique", cet autre ouvrage qui a été un grand succès de librairie, remet la sauce avec "Noir Silence" et les éditions les Arènes.

La FrançAfrique s'est nourrie des récits, des indignations de tant d'Africains rencontrés, interdits d'expression par les dictateurs que Paris leur impose. Non, ça n'est pas une histoire ancienne, avertit Verschave. Elle est toujours présente. La FrançAfrique s'est adaptée depuis pour mieux asservir l'Afrique. Pour le faire efficacement, sans éveiller le soupçon, ses "réseaux et lobbies mutent, comme les virus grippaux. Elf, par exemple, va se cacher sous l'écran Total. Bolloré prend partiellement le relais. Les réseaux se recomposent. On assiste à l'essor des vrais-faux-mercenaires. Pour en finir avec la confiscation des indépendances africaines, il fallait observer au plus près ces mutations. Le livre (Noir Silence) est né de cette nécessité".
Les 559 pages de ce livre bien documenté s'égraineront entre vos doigts à grande vitesse. Elles vous soulèveront le cœur, vous feront pousser des cris de colère et même de haine contre les potentats africains qui agissent aux ordres de l'Elysée via les réseaux, les pompes à fric et autres trafics.
La situation de la plupart des pays d'Afrique noire est passée en revue. Peu ou pas de révélation, s'agissant de la République Centrafricaine. C'est bien connu : servis par une nature généreuse, les Centrafricains sont moins bagarreurs que d'autres. La FrançAfrique peut s'en donner à cœur joie dans ce pays où un ex-adjudant de l'armée coloniale française conseillé et soutenu par un ingénieur agronome version tropique a pu se proclamer empereur sans gêne et où ledit conseiller a pris du galon, devenant lui-même président de la république.
En RCA donc, " l'heure est venue des élections truquées : législatives en 1998, présidentielles en 1999. A Paris, où l'on traite volontiers Patassé de paranoïaque, on va laisser la majorité des réseaux françafricains favoriser la reconduction frauduleuse d'Ange-Félix Patassé (AFP). Ces mêmes réseaux sont ravis que se poursuive la démolition de l'Etat. Le secteur stratégique du diamant par exemple, est totalement désorganisé par la multiplication des abus et la banalisation des passe-droits, au profit d'aventuriers sans scrupules".
Pour le scrutin législatif, AFP dispose de nombreux atouts : les manipulations habituelles dans la distribution des cartes d'électeur ou des bulletins de vote, la partialité de certains officiers de la Minurca et de l'ambassadeur de France, Jean-Marc Simon, les largesses de Kadhafi et des diamantaires sud-africains. Pourtant, l'alliance de l'opposition l'emporte d'un siège : 55 élus sur 109. Le jour même de l'annonce des résultats, la coalition pro-Patassé inverse les résultats grâce à la défection d'un député. L'opposant historique Abel Goumba indique le tarif : un autre député, de son parti, s'est vu proposer 15 millions de franc cfa pour rejoindre le camp présidentiel.
Jean-Marc Simon presse les "battus" d'accepter ce résultat biaisé. L'attention se concentre sur l'élection présidentielle du 19 septembre 1999. Pour éviter la fraude l'opposition demande l'adoption d'un bulletin unique, avec les noms de tous les candidats. Il suffit de cocher l'un d'eux. Cette méthode a fait ses preuves, l'ONU y est favorable, elle est adoptée par une majorité de la commission chargée de l'examen de projet de loi électorale. Mais le camp Patassé est farouchement contre, car ses experts en fraude ont été formés sur la base d'une élection à bulletins multiples. Le bulletin unique les paralyserait. Au sortir d'une entrevue avec AFP, l'ambassadeur Simon déclare que la communauté internationale n'a rien à imposer au peuple centrafricain. Ainsi Son Excellence réduit-elle l'avis de la communauté internationale à celui de la France, et l'avis du peuple centrafricain à l'humeur de son dictateur.
La propagande d'AFP est en de bonnes mains : celles du très chiraquien Jean-François Probst, qui ira ensuite diriger la campagne de Michelle Alliot-Marie à la présidence du RPR, et de l'infatigable François Blanchard. Les opposants accusent le réseau Pasqua, réputé pour son savoir-faire, de tailler un score sur mesures pour l'ami Patassé. On ne prête qu'aux riches. Ce régime, d'habitude incapable d'assurer le moindre service public, réussit à organiser un apport massif d'électeurs ambulants en provenance du Tchad et de l'ex-Zaïre. Pour payer les frais de campagne il y a toujours un coin de forêt : 150 000 hectares d'un seul tenant concédés mi-1999 à l'acrobate financier Jean-François Henin qui saute allègrement des centres de profit (et de perte) du Crédit Lyonnais au centrafrique...
Ange Félix Patassé est réélu dès le 1er tour, avec 51,6% des voix comme prévu. Une dizaine de jours avant ce scrutin mitonné aux petits oignons, il confiait au Figaro : "Je suis l'ami de la France. Mon peuple a versé son sang pour la France et celle-ci l'a aidé à organiser des élections démocratiques. La victoire de la démocratie en Centrafrique est ausi celle de la France". En résumé, AFP = la démocratie = la France. Rompez les rangs(*). Les neuf challengers ont beau dénoncer le coup d'Etat électoral", il leur faudra subir cette équation pendant cinq ans. Et comme Patassé ne peut plus compter sur les parachutistes français, il verrouille son pouvoir en renforçant ses alliances avec Idriss Déby, Muammar Kadhafi et Laurent-Désiré Kabila. Rien que de promesses de "démocratie !" "
Comment en finir avec un aussi noir silence, avec la FrançAfrique ? François-Xavier Verschave reconnaît que la tâche est difficile mais pas impossible. En tout état de cause elle ne peut-être que collective. "Chasser les miasmes coloniaux ne peut-être qu'une entreprise collective".
Pour sa part, François-Xavier Verschave participe activement en France à l'association SURVIE (**) à qui les droits d'auteur de La FrançAfrique sont versés "intégralement pour la poursuite du travail de révélation".
Noir Silence lève un coin de voile sur la chape de béton que la v ème république de Charles De Gaulle, de Jacques Foccart, de Pierre Mesmer, d'Yvon Bourges de Charles Pasqua, de Jacques Chirac et autres RPF, UNR, SAC, RPR, etc, a coulé sur l'Afrique pour mieux l'asservir avec hélas, la collaboration active de leurs âmes damnées autochtones dont Omar Bongo du Gabon.

Noir Silence est à mettre entre toutes les mains, même des mineurs.

Notes de lectures par JB PELEKET

Paris le 24 avril 2000

(*) souligné par nous

(**) selon les éditions les Arènes, M. Verschave est président de SURVIE, une association de citoyens qui milite publiquement depuis 15 ans pour des objectifs d'intérêt public par exemple : " que l'argent de l'aide publique au développement serve réellement à lutter contre la misère et la faim ; que soit mis un terme aux dérives souterraines et déshonorantes de la politique franco-africaine ; que soient prévenus les dangers d'une banalisation du génocide ".


Le Tribunal de Paris déboute les présidents du Tchad, du Congo et du Gabon
(AFP, PARIS, 25 avril 2001)

Le Tribunal correctionnel de Paris a débouté mercredi les présidents du Congo, du Tchad et du Gabon, de leur procès pour "outrage envers un chef d'Etat étranger" intenté à l'éditeur et à l'auteur du livre "Noir silence".
Le Tribunal a déclaré que la loi française instituant le délit d'"outrage envers un chef d'Etat étranger" était incompatible avec la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH).
Les présidents Omar Bongo, Idriss Deby et Denis Sassou Nguesso critiquaient ce livre publié en avril 2000, rédigé collectivement par l'association tiers-mondiste Survie, et qui dénonce certaines relations entre la France et l'Afrique.
Les magistrats ont jugé que l'article 36 de la loi de 1881 relative à la liberté de la presse, qui a institué le délit d'offense, était incompatible avec les articles 6 et 10 de la CEDH qui prévoient un procès équitable, un tribunal impartial et la liberté de communication des idées et des opinions sans considération de frontière.
Le Tribunal observe que "l'offense" n'est pas définie par la loi. Il en déduit que la "qualification imprécise et générale de l'offense" contrevient au principe d'un "tribunal impartial" exigé par la CEDH. La "formulation très générale" de la définition de l'offense "ne permet pas à celui qui envisage de procéder à une publication, d'être certain que celle-ci n'entre pas dans le domaine de l'interdit", explique-t-il.
Le jugement conclut que la loi française réprime de manière suffisante l'injure et la diffamation, et que rien n'interdit aux chefs d'Etat d'agir en invoquant ces délits, plutôt que le délit d'offense qui de plus, interdit au prévenu d'apporter la preuve de ce qu'il allègue, ce qui le place en "position inéquitable face à l'accusation".
Le livre "Noir silence" dénonce les turpitudes de certaines relations entre la France et l'Afrique. Le président congolais y est notamment accusé de "crimes contre l'humanité", le chef d'Etat tchadien d'être "un criminel invétéré" et le Gabonais, de diriger une "démocrature (pour dictature légitimée par la fraude électorale) prédatrice".
Chacun d'eux demandait un franc symbolique de dommages-intérêts. Mais le Tribunal répond à leur demande en jugeant qu'"il n'apparaît plus envisageable de reconnaître aux chefs d'Etat étrangers un statut exorbitant par rapport au principe de liberté d'expression, interdisant tout examen critique de leur comportement". "L'ordre public concernant les relations diplomatiques de la France ne saurait justifier de nos jours le maintien" de ce délit, conclut-il.
Le Parquet n'avait pas soulevé cette question de la CEDH, estimant seulement que l'auteur François-Xavier Verschave, président de l'association Survie et l'éditeur du livre, Laurent Beccaria, devaient être relaxés au vu de leur "bonne foi", c'est à dire d'une expression prudente, et d'une enquête légitime et sérieuse. Retour à la page précédente

  PRESSAFRIQUE

 

  Idriss Déby, un criminel contre l'humanité soutenu par la France : Repères.

 

 

 

Le Tchad est un pays d'Afrique du Nord créé de toutes pièces par la France à l'issu d'une véritable conquête militaire. Le régime d'Idriss Déby a été installé fin 1990 par la France, son armée et ses services secrets, sur fond d'enjeu pétrolier avec le soutien du régime soudanais. Il s'est depuis signalé par la systématisation de la terreur, la banalisation de la torture et du viol, la répétition des nettoyages et massacres ethniques - des crimes contre l'humanité avec la mansuétude
des autorités politiques françaises.

- Né en 1952 à Fada (nord-est du Tchad) d'un père berger, Idriss Déby est un musulman de l' ethnie Zaghawa, une branche du groupe Gorane que l'on trouve des deux côtés de la frontière tchadosoudanaise. Après avoir passé son baccalauréat, il a fait l'école d'officiers de N'Djaména, puis a obtenu en 1976 une licence de pilote professionnel en France.

- De retour au Tchad, il collabore avec le rebelle Hissène Habre qui chasse du pouvoir en 1982 Goukouni Weddeye , appuyé alors par la Libye. Hissène Habre le nomme commandant en chef de l'armée tchadienne.

- En 1985, il suit les cours de l'Ecole de Guerre à Paris et obtient, à son retour, le poste de conseiller militaire du président Habre.

- En 1989, rien ne va plus entre les deux hommes. En avril, accusés de complot, et craignant d'être arrêtés, Idriss Deby, son cousin Hassan Djamous qui l'a remplacé au poste de commandant en chef, et son demi-frère Ibrahim Itno, ministre de l'Intérieur, s'enfuient de la capitale. Djamous est tué mais Deby réussit à gagner la Libye, puis le Soudan, où il créée une armée, le Mouvement patriotique de Salut (MPS).

- 1er décembre 1990. Le tyran et criminel contre l'humanité Hissène Habré est chassé du pouvoir par la France officiellement en raison de son refus de mettre en place un multipartisme préconisé par François Mitterrand au sommet de la Baule. Officieusement parce qu'il a voulu renégocier les accords dits de coopération signés avec la France depuis la fausse indépendance et fermer toutes les bases de l'armée coloniale française sur le sol national. Pour la France cela est inacceptable et son ex-protégé doit quitter le pouvoir.( Alwihda )

Idriss Déby prend donc le pouvoir, soutenu par le régime de Khartoum, avec l'aide de la France qui maintient son dispositif militaire . Accompagné de l'officier de la DGSE Paul Fontbonne, il conquiert N'Djaména sans guère rencontrer de résistance. Hissène Habré s'enfuit avec les liquidités publiques.La Commisson d'enquête sur ses crimes et exactions, présidée par le magistrat Mahamat Hassan Abakar, dénombrera 40 000 personnes tuées ou disparues de 1982 à 1990. Une grande partie des troupes d'Hissène Habré ayant participé au massacre furent dirigées personnellement par l'actuel Président Idriss Déby alors chef d'Etat major des armées.(Dossier Noir de la politique africaine de la France N°13 éd. l'Harmattan, Paris, 1999). Idriss Déby après avoir été, jusqu'en 1989, l'un des piliers du régime de Hissène Habré est porté donc au pouvoir par la France avec l'aide de la DGSE.

- Février 1991 Idriss Déby est reçu officiellement à Paris.

- 28 février 1991 Promulgation de la Charte Nationale qui accorde tous les pouvoirs au Président Idriss Déby et remet à 30 mois l'instauration du multipartisme

- Mars 1991 Investi Président Idriss Déby promet la tenue d'une Conférence nationale ayant pour tâche principale l'élaboration d'une nouvelle Constitution

- 1992 Les leaders d'opposition politique et syndicaliste expriment le souhait de voir l'armée française assurer la sécurité de la CNS. La France accorde un don de 220 millions de FF en plus de sa coopération militaire. Elle obtient qu'Elf-Aquitaine puisse participer au consortium pétrolier, à direction américaine, appelé à exploiter le pétrole du Sud tchadien.

- Février 1992 Assassinat du Vice-Président de la Ligue tchadienne des Droits de l'Homme, Me Joseph Behidi.

- Juin 1992 Christian Quesnot, chef d'état-major particulier du Président Mitterrand, met 6 conditions au maintien de la présence militaire française (le plan Epervier) : forte réduction des effectifs de l'armée, tenue de la Conférence nationale, puis formation d'un gouvernement de transition, libération des prisonniers politiques, respect des droits de l'homme, reprise en main de l'administration financière de l'Etat. Seul le second point sera convenablement appliqué.

- Le 18 février 1992, le Nigeria arrête et extrade vers le Tchad 278 opposants tchadiens. Beaucoup d'entre eux étaient du MDD (Mouvement pour la Démocratie et le Développement) que dirigeait Moussa Madela. Au nombre des extradés figuraient également plusieurs dirigeants du MDD: Goukouni Guet, Ahmat Sakhaïr Bidon, Ahmat Hadad Abakar, Oumar Taher et Issa Mahamat Goran. Certains auraient été tués selon l'Amnesty International (Tchad/le cauchemar continue ... Amnesty International).

- Mi-décembre 1992 Le président Déby signe avec la France une convention instaurant un " dispositif d'appui renforcé aux finances tchadiennes " (impôts, finances, trésor, douanes), incluant le déploiement de coopérants français dotés des mêmes pouvoirs que les hauts fonctionnaires tchadiens.Faute de pouvoir empêcher les malversations, ces coopérants devront être retirés.

- Janvier 1993. Le gouvernement annule ou allège une grande partie des mesures du plan d'assainissement. Dans la région du Lac et dans le Sud, exactions des forces armées : 246 personnes tuées, 22 villages brûlés et pillés dans le Logone oriental.

- En avril 1993, 203 personnes égorgées par la garde républicaine à Kouhou Goré.

- En juin 1993, assassinat de M'bailao Mianbé, Directeur du Secrétariat Permanent à la Réinsertion des militaires déflatés.

- 3 avril 1994. Prolongation d'un an de la période de transition engagée à l'issue de la CNS.

- Le 6 août 1993, une manifestation fut réprimée à la roquette et à l'arme automatique à N'Djaména, des blessés achevés par les soldats dans les ambulances. Au moins 41 personnes ont trouvé la mort et 150 autres ont été blessées. Les soldats français stationnés au Tchad se sont limités à porter secours aux blessés.

- Fin 1993, Amnesty International dressait le bilan amer des trois premières années du régime Déby :

" La terreur règne toujours. On continue de repêcher des cadavres dans les eaux du Chari, le fleuve qui arrose N'Djaména. Plus de 800 personnes ont été exécutées de façon extra-judiciaire. [...] Quels que soient ses mots d'ordre, le gouvernement de Idriss Déby utilise aujourd'hui les méthodes de répression dont il disait vouloir débarrasser son pays à l'époque où il luttait contre le régime de Hissène Habré. Les assassins, les tortionnaires, les ravisseurs qui sévissent au Tchad appartiennent aux forces de sécurité de Idriss Déby ".

- Juin 1994 : Paul Fontbonne s'en va après être resté le " conseiller-Présidence " DGSE de Déby, de décembre 1990 à juin 1994 ;des officiers français " encadrant " la " Garde républicaine " et l'armée.

- Eté 1994 . La DST rassemble à Paris, pour une " réunion de travail ", un certain nombre d'opposants au régime.

- Septembre 1994 " Expédition punitive " de la Garde républicaine dans le Logone, au Sud : tueries, pillages, tortures. La Garde républicaine continue d'être impliquée dans des assassinats politiques et des massacres. La Ligue tchadienne des droits de l'homme a ainsi dénoncé, en septembre 1994, " 72 heures d'expédition punitive et de politique de terre brûlée " dans le Logone, au Sud. " Le bilan des atrocités, des tueries, des pillages en règle et des tortures " serait " indicible ".

- En février 1995, massacres des populations de Goré (Logone oriental) et une commission d'enquête évalue le nombre des victimes à 247 morts et à des dizaines de blessés.

- Le 1er juin 1995, le journal N'djamena Hebdo est mis à sac, le Directeur de publication et ses journalistes sont battus.

- En Août 1995, plusieurs morts en détention dans les villages de Kou douhou, Beissa. Le 16 novembre 1995, cinq mouvements d'opposition (l'ANTD - le FNT - les FARF - le CDR - le FAIDT) créent un rassemblement appelé l'ANR (Alliance nationale de la résistance) dirigée par le Colonel Mht Garfa.

- En juin 1996: élections présidentielles au Tchad. « Début 1996, le lobby français pro-Déby entreprend une magistrale opération de chirurgie esthétique : transformer un assassin invétéré (depuis le lycée) en chef d'état légitime. L'Elysée ne lésine pas sur la logistique électorale. Il dépêche à N'Djamena le meilleur spécialiste du parti gaulliste, celui qui fut l'année précédente une « pièce maîtresse de la campagne présidentielle de Chirac » : Jérôme Grand d'Esnon, suspecté par le juge Desmures d'avoir occupé un emploi fictif à la mairie de Paris. Un haut lieu du dopage électoral. »( Noir Silence , p.166).

- 3 juillet 1996 : Idriss Déby l'emporte au second tour face à Kamougué Wadal Abdelkader. Il a été élu le 3 juillet 1996 avec 69,09% des voix, devançant Abdelkader Wadal Kamougue (30,91%). Il sera investi le 8 août 1996. Selon les organisations Survie et Agir ici, la France aurait largement aidé au truquage des élections de 1996, afin d'éviter un renversement légal du régime.

- Août 1996, asassinat à N'djamena, de Bichara Digui à N'djamena, le Président tchadien est mis en cause.

- 10 Septembre 1996. Rapport d'Amnesty International sur le Tchad : « Les autorités françaises ne peuvent pas ignorer que les véhicules tout-terrain, le carburant, les moyens de transmission et les menottes livrés au titre de l'AMT [Assistance Militaire Technique] ont été détournés de leur fonction initiale pour exécuter et tortuter.Manifestement, dans le cadre de l'AMT, la question des droits de l'homme n'a pas sa place. Cela a été confirmé à la délégation d'Amnesty International à N'Djamena en avril 1996 par les autorités françaises qui ont affirmé que ce sujet n'était pas traité par les instructeurs ».

- 10 Octobre 1996. dans un rapport sur le Tchad, Amnesty International constate la banalisation de la torture et notamment le recours à l'arbatachar.

- Juillet 1997, Déby reçu officiellement par Lionel Jospin à Matigon et Jacques Chirac à l'Elysée.

- 30 Octobre 1997, Déby envoie ses troupes massacrer les FARF ralliées dans leur coordination de Moundou. Laokein Bardé est seul, ou presque, à pouvoir s'échapper. On assassine des personnalités locales, on moleste l'évèque, on enlève des enfants, on tue les parents. Interdits d'inhumation, des corps sont livrés aux cochons. (Agence Reuters, 01.11.1997).

- Octobre 1998, Youssouf Togoïmi ex-ministre de la défense s'oppose au Président Idriss Déby, se retire au Tibesti et crée le MDJT (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad).

- Juin 2000 : La Banque Mondiale approuve le projet de construction d'un oléoduc long de 1 070 kilomètres pour acheminemer le pétrole de la région de Doba vers le port camerounais de Kibri. Le projet, géré par un consortium comprenant les compagnies américaines Exxon-Mobil et Chevron et la compagnie malaisienne Pétronas, a été piloté par la Banque mondiale (BM) qui en a fait son modèle d'investissement et de développement. De grandes entreprises françaises sont censées obtenir des chantiers lors de la construction de l'oléoduc (Bolloré, Bouygues, Alcatel-Alstom, Spie-Trindel). Pour limiter les coûts d'installation, Déby n'a pas hésité à spolier les paysans expropriés et n'a pas respecté ses engagements en matière de protection de l'environnement.

- Le 20 mai 2001, Idriss Déby est réélu. Selon plusieurs sources, émanant de certains observateurs nationaux et internationaux, les fraudes ont été systématisées par le pouvoir. La démission de 8 Membres de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) dont son vice-président, pour cause de fraudes et ainsi que leurs déclarations sur Radio France Internationale (RFI) sont assez éloquentes. La Fédération internationale des droits de l'homme a qualifié d'" État d'urgence de fait ", avec l'arrestation de certains opposants ayant dénoncé la fraude ainsi que de leurs directeurs de campagne.

Le régime d'Idris Déby a favorisé le vote d'enfants dans certaines régions (cf. photo).

                                                   
                                                      Elections Présidentielles au Tchad mai 2001 
                                                                   (cliquez sur la photo)

- Les 28 février, 6 et 7 mars 2002 se déroulent les audiences du procès intenté par MM. Bongo, Déby et Sassou Nguesso (respectivement présidents du Gabon, du Tchad et du Congo-Brazzaville) à François-Xavier Verschave, président de Survie, et Laurent Beccaria, directeur des Éditions les Arènes, pour "offense à chef d'État étranger" sur la base de passages du livre Noir Silence, qui arrêtera la Françafrique ? Déby reprochant à François-Xavier Verschave de l'avoir qualifié « d'assassin invétéré ».

Extraits Noir Silence , p.166: « Le lobby français pro-Déby entreprend une magistrale opération de chirurgie esthétique : de transformer un assassin invétéré (depuis le Lycée) en Chef d'Etat légitime »

- 3 juillet 2002, La Cour d'appel de Paris a débouté le président tchadien Deby, le président congolais Sassou Nguesso et le président gabonais Omar Bongo de leur procès pour "offense envers un chef d'État étranger", intenté aux auteurs et éditeur du livre Noir Silence .François-Xavier Verschave y traitait entre autres Idriss Déby ''d'assassin invétéré''.

- 2002. détournement de 7,4 millions de dollars sur les 21 millions de " bonus " versés à titre d'avance au gouvernement tchadien, constaté récemment par le FMI. Détournement de 4,5 millions de dollars, qui selon certaines sources tchadiennes, auraient servi à l'achat d'hélicoptères par le fils du président.

- Juillet 2003 : extraction du pétrole dans la région de Doba. À l'issue de cinq ans de travaux, la région est dévastée : destruction de l'environnement, cultures impossibles, fermeture des écoles et des administrations, migration des populations du sud.

- Juillet-Aout 2003 : hospitalisation de Déby à l'hôpital Américain de Neuilly sur seine.

- 20 Septembre 2003 : Déby revient en visite officielle à Paris et est reçu par Dominique de Villepin et Jacques Chirac. Il rencontre les patrons du MEDEF-International.

- Octobre 2003 : acheminement du pétrole au Cameroun par l'oléoduc long de 1075 km.

- Mai 2004, Déby fait modifier la constitution pour se présenter à nouveau en 2006 à l'élection présidentielle. Le projet de révision, qui porte sur huit articles de la Constitution, a été intégralement adopté , à main levée , par 123 voix pour, 0 contre et une abstention. Les députés de l'opposition ont refusé de voter en quittant l'hémicycle.


REFERENCES :

Noir Silence , François-Xavier Verschave, Edition Les Arènes.

Tchad La visite à Paris d'Idriss Déby Paris bénit Déby  , l'Humanité par Camille Bauer, 20.09.2003

Tchad La malédiction du pétrole, l'Humanité, ibid.

Le Tchad est déjà vendu , Réseau Voltaire, 19.09.03

Elections présidentielles au Tchad en 2001 (photos).Afrique-Express.

N'Djaména : Déby, entre Mobutu et tchador . Survie.

Tchad : quelques repères chronologiques . Survie.

La véritable nature du pouvoir d'Idriss Déby de 1990 à 2004.  Récit d'un pouvoir corrompu, clanique, autoritaire, responsable de la mort de 25.000 personnes en treize ans de règne. Alwihda .

Dérives au Tchad , Réseau Voltaire.

       
     

 

 
 

 

Noir Silence. Qui arrêtera la Françafrique?, Les Arènes, 2000, 600p.

Pour comprendre la logique d'un monde absurde: la Françafrique. Comment en finir avec un aussi noir silence?

La publication de Noir silence a valu à François-Xavier Verschave d'être poursuivi en justice par trois chefs d'Etat africains cités dans son ouvrage. Ce procès, pour "offense à chef d'Etat", s'est conclu le 25 avril 2001 par une relaxe.

Pourquoi un nouvel ouvrage après la Françafrique?

Lisez notre résumé du procès pour "offense à chef d'Etat"!

Lire les lettres d'accusation des chefs d'Etat africains

Lire le jugement du procès!

Le procès lu dans la Presse...

 


 

 

Noir Silence. Qui arrêtera la Françafrique?

Noir Silence, c'est avant tout la continuation de ce que voulait décrire La Françafrique, mais c'est aussi le moyen de montrer que ce n'est pas, comme certains souhaitent le faire croire selon François-Xavier Verschave, de l'histoire ancienne et que les agressions continuent et se renouvellent. " Pour cela, les réseaux et lobbies mutent, comme les virus grippaux. Elf, par exemple, va se cacher sous l'écran Total. Bolloré prend partiellement le relais. Les réseaux se recomposent. On assiste à l'essor des vrais faux mercenaires. Pour en finir avec la confiscation des indépendances africaines, il fallait observer au plus prés les mutations. Ce livre est né de cette nécessité".(1)


Ce qui a motivé Verschave à écrire et à publier Noir Silence, ce sont les modifications que la Françafrique est en train de connaître. " Ce qui est en train de changer avec l'Angola, c'est que, on pourrait dire, on est en train de passer de la Françafrique à la Mafiafrique. C'est-à-dire que cet énorme système de pillage et d'exploitation du continent africain, mis en place dans les anciennes colonies françaises, est en train de rejoindre d'autres systèmes parallèles, qu'ils soient américains, anglais, brésilien et surtout russes ".

(1) Noir silence, p.10.

 


 

 

Le récit d'une polémique

 

Le précédent ouvrage de François-Xavier Verschave - La Françafrique, le plus long scandale de la République - publié en 1998 avait valu à son auteur un procès diffamation par Charles Pasqua. Il était donc prévisible que suite à la parution de Noir Silence un procès similaire soit tenté à Verschave. Il déclara d'ailleurs : " Nous nous attendions à de telles actions sur Noir Silence, mais vrai dire, je les attendais davantage en France ".

Les présidents du Tchad, Idriss Déby qualifié d'" assassin invétéré ", du Gabon, Omar Bongo présenté comme un " dictateur criminel, qui plus et mafieux " et du Congo Brazzaville, Denis Sassou Nguesso accusé de complicité dans l'attentat du DC 10 au-dessus de Térré en 1989 qui a fait 160 victimes et de crimes contre l'humanité dans le cadre de l'exercice du pouvoir, ont déclenché une procédure pour " offense à chefs d'État ". Ceux-ci ont décidé en juin 2000 d'écrire sous la plume de Me Vergès au responsable de la diplomatie française, Hubert Védrine, pour lui demander l'application de la loi de 1880 qui réprime l'atteinte à la dignité de chefs d'État, qu'ils soient français ou étrangers.

Les procès intentés par les trois chefs d'État africains ne sont d'ailleurs pas les seules attaques que François-Xavier Verschave a eues sur ce livre puisque deux attaques en diffamation ont été lancées. Une de Jacques Bidalou, ancien juge, qui lui reproche d'être cité dans le livre, ainsi que Arcadi Gaydamak, un ex milliardaire franco-russe qui serait impliqué dans un trafic d'armes en Angola, qui a porté plainte contre Noir Silence. L'affaire devait être plaidée le 20 mars, mais comme le plaignant est en fuite...

Nous allons tenter de présenter la polémique mais aussi paradoxalement, le silence qui ont entouré la sortie de Noir Silence.

Une plainte pour " offense à chef d'Etat "


La plainte présentée par Me Vergès au nom des trois chefs d'états africains repose sur l'article 36 de la loi du 29 juillet 1881. Celle-ci traduit l'héritage de l'offense publique envers la personne du roi, plus connu sous le nom de "crime de lèse-majesté " traduite par la loi de 17 mai 1819. L'article 36 de la loi de 1881 associe les chefs d'État étranger à cette protection juridique. Elle énonce que "l'offense commise publiquement envers les chefs d'État étranger, les gouvernements étrangers et les ministres des affaires étrangères d'un gouvernement étranger sera puni d'une amende de 300 000 F. "


Le procès et les débats qui ont eu lieu ont conduit à la remise en cause de cette loi. Une proposition de loi a d'ailleurs été présentée par Michel Dreyfus-Schmidt à l'Assemblée Nationale .
François-Xavier Verschave et son éditeur, Laurent Beccaria, risquaient une condamnation de un an de prison ferme, assortie de 300 000 F d'amende pour chacune des trois plaintes, nonobstant les dommages et intérêts que les plaignants qui se sont constitués partie civile pourraient réclamer.

La procédure engagée par les trois chefs d'états africains a été faite au nom "d'offense à chefs d'Etats " et non pas au nom de la diffamation. Cette différence a sur le plan juridique de fortes répercussions puisqu'en matière de délit d'offenses, la jurisprudence soutient que les preuves sont interdites, que se soient des témoignages ou des documents pour démontrer la vérité des faits et pour prouver la bonne foi. À l'inverse si les chefs d'État avaient porté plainte pour diffamation, ils auraient eu l'obligation d'apporter les preuves de la fausseté les affirmations de François-Xavier Verschave.
" Dans le délit de diffamation qui correspond à l'atteinte portée à l'honneur et à la dignité d'une personne, il est toujours possible au prévenu d'apporter l'exceptio veritatis, c'est-à-dire de rapporter la preuve de la vérité des propos allégués ce qui l'exonère de toutes peines " (1). Le but du procès était donc selon les défenseurs de censurer toutes informations ou opinions sur les relations franco-africaines. Il s'agit donc avant tout d'un procès politique. François-Xavier Verschave y a vu une "tentative de censure " et la volonté de "mettre à genoux " la maison d'édition qui l'a publié, Les Arènes.

L'accusation tenta de prendre la défense de l'article 36, "ce texte ne prive personne du droit de contester ou de décrire les comportements publics des chefs d'État étranger. Il n'abolit donc par la liberté d'expression, mais comme beaucoup d'autres textes de la loi de 1880, il en définit les limites. " De plus, le fait que le délit d'offense ne repose pas sur la validité des accusations comme pour le délit de diffamation n'entraîne pas pour l'accusation la condamnation immédiate du prévenu, en effet "la jurisprudence estime que l'intention de nuire n'est pas présumée. L'accusation, dans notre procès, doit faire la preuve de l'élément intentionnel, comme au demeurant celle de l'élément matériel. Les prévenus ont toute latitude de convaincre les juges que les actes poursuivis ont été commis sans la moindre intention de nuire. Indépendamment de la vérité de fait, ils conservent la possibilité de démontrer leur bonne foi " .

Les débats se sont portés sur la mise en question de ce délit d'offense. Cette notion est selon Marie-Hélène Aubert "sans véritable définition juridique " et "résulte d'une appréciation aussi subjective que hasardeuse ". À cette occasion Marie-Hélène Aubert a posé une question écrite à la ministre de la Justice sur l'opportunité de maintenir cet article dans le code pénal français: " les auteurs de propos qualifié "d'offensant " pour les chefs d'états étrangers peuvent être poursuivis en France plus sévèrement que s'ils diffèrent mais n'importent quelle autorité constituée, puisque la jurisprudence montre que les offenses peuvent concerner aussi bien la vie, privée ou non, que les fonctions actuellement exercées et qu'aucune n'est prévue ". Celle-ci a demandé son abrogation, qualifiant la loi de "désuète et dangereuse", elle a fait valoir qu'elle aurait permis à des tyrans comme Milosevic de "faire poursuivre leurs détracteurs en France par les tribunaux français ".


Pour l'accusation, le délit d'"offense à un chef d'État" n'est pas une notion vague, il désigne "toute expression offensante ou de mépris, toute imputation diffamatoire mensongère de nature à atteindre le chef de l'État pour son honneur et dans sa dignité ". Me Diagne se réclame du doyen Carbonnier pour qui "la loi ne défend ni le talent ni la célébrité, mais l'honneur, la dignité et la considération. "

 

La défense adoptée par François-Xavier Verschave


Face aux accusations de la partie civile François-Xavier Verschave et son éditeur ont adopté une double de la stratégie de défense. D'une part, ils ont tenté de prouver l'incompatibilité de l'article 36 de la loi de 1881 avec le reste de la législation et d'autre part, ils ont essayé de prouver la validité de leur propos.

Ils ont tout d'abord tenté de mettre à jour l'incompatibilité qu'il y a entre cette loi et la Convention Européenne de la sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentales relatives à la liberté d'expression. En effet, l'article 9 conditionne les propos de chacun à leur validité, de plus l'article 6 exige un procès équitable ce qui nécessite de juger non seulement en droits mais aussi en faits.

Une autre contradiction était soulevée par François-Xavier Verschave avec le Tribunal Pénal International : le paradoxe vient du fait que "au moment où la France vient de ratifier les statuts de la cour pénale internationale qui oblige à poursuivre les crimes contre l'humanité, même commis par les chefs d'États étrangers... Avec le recours au délit d'offense on ne peut pas en parler " (2).
Leur seconde stratégie de défense reposait sur la démonstration de la vérité. Celle-ci devait conduire à deux possibilités, selon la défense : ou bien le tribunal condamnait l'expression de la vérité en contradiction avec les traités internationaux, ou bien elle relaxait la défense.



Le procès ou la mise a l'épreuve des faits

Ce qu'il est important de souligner c'est l'ampleur du procès : plus que le procès de François-Xavier Verschave ou de l'association Survie et de leur dernière publication Noir Silence, c'est le procès de la Françafrique qui a commencé à avoir lieu. Le procès, malgré ses brefs délais (trois jours), fut l'occasion pour la défense d'y décrire les mécanismes de corruption et de népotisme dans trois Etats africains qui peuvent servir de cas d'école dans le fonctionnement de la Françafrique.
François-Xavier Verschave déclarait d'ailleurs, peu avant le jugement, "ce sera l'occasion d'exposer les trois régimes, du Gabon, du Tchad et du Congo Brazzaville, et de faire, en quelque sorte procès de la Françafrique. Nous avons déjà reçu, par intérêt intermédiaire de la motion de soutien que nous faisons circuler, de nombreux témoignages d'africains qui voient dans ces procès une incroyable chance de dénoncer les relations franco-africaines. ".

C'est effectivement ce qui eu lieu puisque Bernard Langlois écrivait après le procès que "trois jours de débat public devant un tribunal français auront en effet permis aux militants de Survie, à leurs témoins, à leurs avocats, de braquer les projecteurs sur les crimes et les turpitudes de régimes sans foi ni loi qui ne se maintiennent que par la corruption et la terreur, hélas alliés à la complaisance de la république française.(3)

Pendant les trois jours de procès (28 février, 6 et 7 mars) de nombreux témoins (une vingtaine) ont pu intervenir au nom de la défense afin de décrire les tortures ou les exactions dont ils ont été les témoins. Par exemple Georges Kimbembe, témoin direct des massacres et violences en série de la région du Pool. Il a vu les hélicoptères au sigle de l'ONU passer au-dessus des forêts afin d'en faire sortir un les hordes de réfugiés affamés où il se cachait pour ensuite mitrailler à loisir. Il justifie ainsi un passage de l'ouvrage Noir silence contesté par les plaignants : " Mi-juin, les hélicoptères de combat du camp gouvernemental bombardent les populations des villes Makaban, Sibiti et de quelques villages environnants. Ce bombardement a été précédé par le survol d'avions peints aux couleurs de la Croix-Rouge et de l'ONU. S'attendant à recevoir de l'aide alimentaire, les habitants affamés sont sortis de la forêt qui ont subits l'attaque à découvert. Les avions précurseurs ont-ils été "empruntés, maquillés, détournés de leur objet ? Et ces hélicoptères blancs, siglés ELF, qui aurait carrément bombardé des villages début juin ? L'utilisation de ces sigles et logos se sont l'objet de trop de témoignages, elle est si choquante, ou provocante, qu'elle méritait un vigoureux démenti ou des explications. (4)


Ou encore Patrice Yengo, universitaire congolais, qui explique le caractère tribal des affrontements en Afrique par le fait que les chefs de guerre avaient "besoin d'une mobilisation ethnique pour suppléer l'absence de toute base sociale ". M.Yaronga, député tchadien qui comparu en fauteuil roulant, le dos brisé par les tortures subis, put décrire le régime de terreur dans lequel vit son pays. Enfin le témoignage de Mongo Betti, professeur retraité, libraire à Yaoundé qui démontra le "système Bongo" devant la cour en parlant d'association mafieuse de syndicats du crime.

Ces récits sont autant de preuves que le procès qui a eu lieu est exemplaire a plus d'un titre car il reconnaît la validité de tout ce qui n'était pour l'instant vues que comme des polémiques .
Lors de sa plaidoirie Me N'Thepo a fait valoir que "ce procès n'est pas vécu en Afrique comme celui de M.Verschave mais comme celui de trois chefs d'états africains qui font le malheur de leurs peuples. S'en est fini de l'Afrique des années 50, qui comptait à peine quelques dizaines de bacheliers. Nos peuples ont acquis un niveau d'instruction et de conscience plus élevée. Ils aspirent eux aussi, à la démocratie, à la philosophie des lumières. Les "3 E" doivent le comprendre. Qu'ils prennent désormais pour partenaire des interlocuteurs qui soient des hommes propres ! C'est tout cela, toutes ses souffrances, et aussi cette exigence universelle pour le progressisme, la philosophie des Lumières que je viens déposer sur votre cher ".


Le déroulement du procès

Le procès qui s'est déroulé le 28 février et le 5 et 7 mars 2001 à Paris, à la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris a fait l'objet d'un silence médiatique assez inquiétant. Parmi les grands quotidiens et la presse d'information générale très peu d'articles lui ont été consacrés : on peut citer deux très courts articles dans Le Monde, quelques lignes dans le Figaro, rien dans le journal La Croix, un article dans Ouest France et la couverture audiovisuelle s'est résumée à une minute sur Canal+.


L'absence de couverture médiatique choque d'autant plus que l'actualité politique récente, comme la mise en examen de Jean-Christophe Mitterrand, porte sur le devant de la scène les affaires franco-africaines. Jean-Christophe Mitterrand incarne pour François-Xavier Verschave de multiples symboles : "d'abord celui de la continuité transpartisane du système de dépendance occulte mis en place par Foccart [...]. Il est aussi le symbole de la dégradation de ce système.[...] On s'est enfoncé dans la privatisation du domaine réservé. " Toutefois Verschave relativise sa mise en examen : " Ce n'est pas quelqu'un du top ten de la Françafrique. Il est devenu un intermédiaire commode pour les potentats africains. Mais, il n'est pas de ceux qui pilotent le système. On pourrait dire que par rapport à la montagne, les juges[...] ont trouvé une première prise suffisante et médiatique pour qu'on étouffe pas l'affaire ".


Un observateur témoigne du fait que "de toute évidence Verschave et Survie dérangent et dérangent beaucoup, ce qui semble entraîner un sentiment de gêne (ou de mauvaise conscience) chez beaucoup de journalistes. Réaction viscérale et réflexe à la limite de l'inconscient (ou de l'inconscience) qui s'explique en partie par les rapports parfois incestueux qu'entretient une certaine presse avec le pouvoir politique et financier, et en partie par un obscur sentiment d'hostilité envers quelqu'un qui "occupe " en quelque sorte, un terrain que les journalistes considèrent comme le leur "(5) . Le mythe de la prétendue neutralité de certains médias comme le journal Le Monde est battue en brèche, certains ouvrages en faisaient déjà mention au sujet de précédents dossiers africains comme à l'occasion du génocide du Rwanda . (6)

En revanche si la couverture médiatique de l'événement a fait défaut, la participation d'autres sources d'information plus "informelles " et de l'ensemble de la société civile en général ont été massives. C'est sur Internet qu'ont été diffusés la plupart des textes soutenant Verschave dans son procès. L'association Survie a d'ailleurs fait circuler une motion de soutien en faveur de la défense, elle appelait à soutenir les inculpés, à demander leur relaxe et à se prononcer pour la suppression du "délit d'offense à chef d'État " du code pénal français. L'association de plus a appelé à manifester "au nom de la liberté d'expression et d'édition en France, du respect des droits de l'homme en Afrique, étudient ici des débats indispensables sur les relations Franco-africaines ". Le samedi 24 février 2001 ont eu lieu des manifestations à Paris ainsi qu'en province (Lyon, Toulouse, Strasbourg, Nancy, Grenoble) afin d'étendre le débat au sein de l'opinion publique.

Lors du procès, la salle d'audience était comble. Les débats ont longuement porté sur les accusations qui étaient faites à l'encontre des chefs d'Etats africains dans Noir Silence. La défense reposait pour beaucoup sur la démonstration de la vérité des propos. En revanche la plaidoirie des avocats de la partie civile (Me Vergès, Me Brossolet, Me Diagne) a consisté pour beaucoup en une série d'attaques personnelles sur la personne de François-Xavier Verschave.

Il a été tout au long du procès décrit comme étant un "sectateur des droits de l'homme [...] Qui se compare aux pionniers que leur expédition conduise vers une terre inconnue ", ils le présentent comme le " Tintin des droits de l'homme ". La partie civile va jusqu'affirmer que François-Xavier Verschave "délire. Il est paranoïaque et il se montre dangereusement démagogique, partial. C'est le roi de la désinformation ! ", il s'agit d'un "médiocre doublée d'un hypocrite ". Ils le présentent comme un homme halluciné qui croit se fait l'apôtre de la vérité. Me Vergès parle de lui dans sa plaidoirie non seulement comme d'un menteur mais aussi comme d'un "malade mental ! ". Le Verschave est pour lui un nom commun qui désigne désormais des "calomniateurs exaltés et malades".

La deuxième critique qu'apporte l'accusation contre Verschave consiste à dénigrer sa méthode d'investigation. " Une méthode qui se caractérise par un manque de sérieux, d'objectivité, de prudence, d'avis contradictoires dans sa quête sans éthique d'information avec comme conséquences des allégations ou des imputations d'origines diverses, dont la véracité n'est jamais démontrée " rétorque Dior Diagne.
Il lui est reproché notamment de ne pas révéler certaines de ses sources volontairement ou de se fonder sur certaines déclarations sans les vérifier pour autant. Il est vrai que François-Xavier Verschave ne justifie pas chacune de ses affirmations, cela peut s'expliquer par l'intensité et la quantité de son propos. Justifier chaque affirmation et chaque accusation relèvent des danaïdes. De plus, le sens du propos se trouverait noyé dans les références.


En revanche, on peut noter que loin d'être un ouvrage purement polémique, il est marqué par la préoccupation de son auteur de justifier ces principales accusations. Il se préoccupe également de recouper ses sources d'information qui sont par ailleurs très diverses (presse quotidienne et généraliste d'information, communication officielle des ambassades ou des ministères, communiqué des organismes internationaux ou des O.N.G., billets et presse spécialisé sur l'Afrique). Cette diversité et cette richesses du matériau d'investigation s'expliquent par le nombre de personnes impliquées dans ce travail de recherche. Rien ne justifie la critique faite par la partie civile à François-Xavier Verschave : " On est en droit de se demander si M. Verschave s'est contentée, à l'aide d'une paire de ciseaux et d'un pot de colle, de collecter tous les articles consacrés à l'Afrique pour nous en donner une compilation mal digérée".

 

Le jugement


Le jugement du procès fut rendu par le Tribunal de Grande Instance de Paris le 25 avril 2001. Il a relaxé François-Xavier Verschave et Laurent Beccaria.

Le tribunal a disqualifié la plainte des chefs d'Etats africains considérant que le délit d' "offense un chef d'État étranger " était incompatible avec les articles 6 et 10 de la Convention européenne des Droits de l'Homme. L'article 10 proclame que toute personne a droit à la liberté d'expression, il prévoit que l'exercice de cette liberté peut être soumis à certaines restrictions prévues par la loi. La jurisprudence prévoit que l'article 6 de la loi du 29 juillet 1881 délimite les abus de cette liberté.

Toutefois le tribunal a considéré que l'article 36 protège les chefs d'État étranger contre les offenses publiques, en instituant en leur faveur un régime exorbitant de droit commun ils bénéficient ainsi d'une protection supérieure à celle concernant le chef de l'État français lui-même. Ce régime dérogatoire est apparu de nature à faire obstacle à la liberté d'expression. De plus l'offense incriminée par l'article 36 n'est pas défini par la loi et elle correspond à une formule floue, d'interprétation mal aisée. Enfin, l'article 6 proclame le principe d'égalité des armes entre les parties. Or l'interdiction qui est faite au prévenu leur apporter la preuve de la vérité des faits diffamatoires contrevient à ce principe.

 

En guise de conclusion


La victoire de l'association Survie à travers ce procès représente un événement historique car il symbolise avant tout l'échec de tout un pan du système de la Françafrique. Le front de résistance est en train de s'élargir considérablement en France comme en Afrique.


A la question " Qui arrêtera La Françafrique ? ", François-Xavier Verschave répond : " Les Africains d'abord, bien sûr ! La Françafrique ne perdure qu'avec la complicité de certains d'entre eux, la patience ou le fatalisme du plus grand nombre. Une majorité d'africains vivent quotidiennement dans leur corps et leur esprit les dégâts du système. D'où l'importance des figures africaines de la résistance, vivant exemple de l'absurdité de se mépris : elles catalysent une confiance cumulative, elle donne l'intuition de ces valeurs bêta politiques qui permettront aux africains d'exposer, dans un monde jusqu'ici hostile, leur propre conception de la légitimité et du bien commun. En Europe et surtout en France, la mobilisation est plus difficile. Le bruit qui nous en parvient est feutré, biaisée.(7)

Ce qui est en train de voir le jour, c'est l'espoir de voir un continent africain enfin libéré de la tutelle occidentale et pouvant accéder à l'autonomie. François-Xavier Verschave est de ceux qui nourrissent cet espoir : " je rêvais aussi, nous rêvons, en France, en Europe, en Afrique, de femmes et d'hommes qui se souviennent de leur métier de citoyens. (8)

 


MADJISSI LEGER

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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28 avril 2012

pillage a la mairie de Bebedjia

 lors des nomminations communales,il a ete constaté que les ex maires de la ville de bebedjia ,departement de la nya,region du logone orientaleont pillés la mairie en raison que la parti MPS (mouvement patriotique du salut) a echoué aux elections communales. En effet,les nouveaux instsllés ont des problemes a gerer cette mairie. leger madjissi depuis le Tchad

28 avril 2012

p-square au tchad

les grands artistes nigerians en concert au Tchad,ce samedi a santana. nous demandons le public a sortir massivement pour les soutenir dans leur musique. leger madjissi

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